sur l'acte de peindre
En peinture ce qui compte c’est se lancer, parier, même si on sait, qu'on va entrer dans le mur à un moment donné. D'abord il faut éprouver, au double sens de faire l’épreuve du monde et d’en être ébranlé, le regarder, regarder les choses, les gens.
Ensuite, il faut se représenter que la peinture est une sorte d'assaut, de révolte, d'abord contre soi-même, contre notre lâcheté, notre misère quotidienne, puis vers l’extérieur de soi, c’est à dire vers le support, le médium, quel qu’il soit, support sans lequel paradoxalement rien n'apparaîtrait de nous-même.
Le monde a sur nous un pouvoir mystérieux que les routines de la vie nous font oublier? Quelle image nous renvoie-t-il ? Il nous échappe mais c’est que notre regard, rendant trop vite les armes, glisse sur lui.
J'aime combiner les démarches et utiliser plusieurs techniques. Je m'inspire de ce qui attire ma curiosité. Mon principe c’est la surprise ; c’est aussi de ne refuser aucune idée. Du moment qu’elle m’a traversé l’esprit je me dis que je dois la considérer avec sérieux, y réfléchir, l’expérimenter ou la rejeter. Cela s’impose comme une nécessité. J’aime la formule de Cézanne : « un artiste doit faire son œuvre comme l’amandier ses fleurs, la limace sa bave ».
Ensuite je peux en jouer comme je veux. Il faut composer en peinture, comme en musique et c’est le plus dur, parce que la composition n’y obéit pas à des règles aussi strictes qu’en musique.
En fait en peinture il faut savoir à certains moments être très con, ne plus rien comprendre. Il y a un moment catastrophique dans tout vrai tableau. Un vrai tableau pour moi est un tableau qui me correspond, qui me « parle » ou qui parle de moi d'une façon cryptée, mystérieuse, même s'il est un peu raté ou insuffisant, voire décevant
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