Poèmes
Sans moi
Je suis le fils du sourire défunt
De l'impeccable trempe
L'oasis court dans mes veines assoiffées
Et le temps ce buvard qui m'assèche
Fait luire à l'horizon les menus pas qui me précèdent
Les yeux bandés j'avance infiniment
Sans savoir la carte éparpillée du monde
Du fleuve s'élèvent les effluves qui m'orientent
Et l'avenir s'imagine seul
dans la caverne où l'esprit s'éprend de rien
Où presque
Poèmes
Dans les mains moites de l'immédiat
Que fais-tu ?
Dans la pensée limousine du temps
Qu'attends-tu ?
Dans l'ombre réfrigérée de la toute présence
Que rumines-tu ?
Tu as oublié l'eau lente
Les mandibules du présent n'ont plus de prise
Tu es l'abonné absent
Comme une feuille oubliée sur le bord de la page.
EXTASE
Envahissement des nichons de poivre
Son suc de Gésivaudan
Me pénétrait comme une brume .
Ses papilles reglues érigées de rosée
Hoquetaient.
Un jus splendide nous enveloppait
Monument de la chair
Nous nous taisions.
Enfermés dans le bloc blanc de la nuit
N'avions-nous plus de points communs avec nous mêmes ?
Il manquera toujours à ma joie
L'instant où tout devient poudre de silence.
L'espace a refermé ses bras
Rien n'est étreint.
LE VENT
Le vent s'étale, plus ou moins calme
A la faveur des branches rassasiées
L'herbe mue et le chant se dresse nu
Au dessus
De l'épine dorsale de la mer.
C'est le vent géomètre qui calcule et qui parle
Le vent horloger de la peur qui s'installe.
MONSIEUR PRESQUE
Les choses sont-elles dérangées ?
Ont-elles été un jour rangées ?
Retrouver les choses à leur place millimétrée
Epluchées de la purée des mots
Obscure nécessité de la justesse
Exactitude de la patience
Rigueur du regard mouillé de reconnaissance
A l'infinitive de l'effacement
Presque au ras de la soupière du sol.
Répartition de la présence.
LE SOLEIL
Le soleil est mon arbre de midi
Aussi loin que la terre s'amoncelle
Je suis à l'ombre de sa nacelle
Où je rêve de Rawalpindi.
Dans la bicoque de la vie c'est vrai,
Gémir n'est pas de circonstance
Inventer mes fusées de plaisance
Ne fera pas de moi un ravi
Certes, mais il me faut le dire
J'aime le jour mieux que la nuit.
mercredi 30 Le poison de la terre est dans nos têtes
Cette terre qu'on brûle
Cette brûlure qu'on efface
Terre, tu n'appartiens à personne
Et personne ne t'appartient.
Tu es la lointaine présence
l'ombre portée de nos rêves passés
Tu es la maison où les pas ont eu lieu.
Les vertèbres du ciel vont-elles mourir?
Le jour est un obus
Tu t'enfriches, tu t'enfriches,
Ton coeur empoisonné
Te pend au nez, et tu machonnes ton destin
Tu as,
Le malheur difficile et l'alarme facile.
Tu parles comme un oiseau blessé
De choses qui ne te regardent pas.
Ton coeur emboussolé rêve d'ambassade vers des terres
Qui existent si peu, et tes poupées gonflables
Récitent parfumées l'ode inodorante
Qui te maintient couché,
Tu t'en friches!
Le jour est un obus qui te passe à coté.
Encore un petit...ou deux d'avant.
...d'avant quoi d'ailleurs? je me le demande . Le poème est hors du temps. Le poème est un bloc de présence.
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MEMOIRE
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A la mémoire de l'angle liquide
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Je suis prêt de rompre soudain .
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Ce présent aux armoires solides
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Vacille dans mon oeil malin .
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Le briquet bleu du jour allume
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La très étrange perspective
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D'une avenue au pied de plume
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Dont je ne perçois plus les rives.
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Réponse au goût de naphtaline
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C'est un mélange qui me plonge
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Dans un là-bas où se dessine
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Le quelque chose qui me ronge.
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C'est à dessein que je m'échine
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L'ombre qui couvre mes pensées
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Parfois résonne et illumine
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Le pont de mes regards inquiets .
A MOUR RIRE
L'amour c'est ce dont on parle
Mais quand on n'en parle plus
Est-ce encore de l'amour?
L'amour c'est ce dont on parle
Mais quand on en parle
Est-ce toujours de l'amour?
L'amour sait
Tout ce qu'on ne peut pas dire
Alors peut-être
D'amour parler c'est n'en rien dire .
L'amour mythonne
L'amour m'étonne
Métamorphose qui nous fige
Ce petit moi qui n'est pas moi
Amour insensé
Pygmée qui nous piétine.
Et après que nous reste t-il ?
Cet océan de sentiments empêtrés qui nous sert de veste
Et la glu des molles minutes
Où nos corps pétrifiés se vérifient
Les jours se pleurnichent l'un l'autre quand on n'a pas envie d'aimer.