Jean-Louis Brunati METAMORPHIC

Jean-Louis Brunati METAMORPHIC

Poèmes 2

 

 

RALENTISSEMENTS

 

Je suis de la lenteur qui ravine les pierres.

Assis dans l'ombrageux détail de l'univers

Je mesure le vent je scrute la prière

Qu'adressent aux mourants des roseaux de lumière.

 

Je suis né de la molle tenture du temps

J'évalue le hasard qui me fige têtard

J'embaume les kaléidoscopiques moments

Qui me cadencent en un regard.

 

Je rumine le temps qui me reste vermine

A quelques omoplates de mes rêves obtus

Des pensées braseros j'allume les fétus

Et je m'enfonce dans l'herbe où rien ne se termine.

 

Je sais trop bien qu'un jour à mon tour rabougri

La mer sera lassée de mes petits soucis

et déjouant  de peu les prévisibilités

un sein voluptueux se gonflera sans moi.

 

Pas  mon cœur de rocade pour en faire le tour.

 

 

 

Dans ta prison de mort dernière 

 

Mère où vas-tu, où t-en vas-tu ?

Tu étais, je suis, nous étions

Tu étais et nous étions.

 

Où tu étais mère j'allais et nous étions

Tu allais et nous vivions, tu vivais et nous allions,

Où t'en vas-tu mère, où es-tu ?

 

Plus de lumières, plus de maison,

Tu étais où nous étions pourtant.

Dans les chemins roulent les pierres

Indifférentes à nos misères,

Dans les trous les feux de la terre

Brûlent pareils à des ludions.

 

Où étais-tu mère quand nous vivions

Les impatiences de nos présents.

La peau douce du monde sans toi

Est-ce possible seulement ?

 

Le temps est devenu borne de lumière

Les livres ne sont plus  mystère

qui faisaient vibrer ton regard.

L'horizon est borgne depuis

Que l'imbécile hasard t'a jeté hors de nous

Sur la chaussée de catastrophe

Mère entends-tu  la colère

et la rage qui désespère?

 

Tu étais j'étais nous étions et pourtant

La valse des hésitations ne referment plus tes paupières

En battements si émouvants.

 

Quand tu étais nous allions, éclats de regards fiers

Au devant des lumières, nous allions…

 

Où vas-tu mère, où t'en vas-tu ?

Ce soleil qui décide de tout et de rien

Comment est-ce possible ?

D'un moment à l'autre tout s'expatrie

Depuis que tu as pris langue

Avec le ventre chaud de la terre

Dans ta prison de mort dernière.

 

    

 APRES

 

 Après que les hommes se seront longuement massacrés

Les autres auront longtemps regardé

Le temps se diluer

La mort ne se serait jamais autant délectée

Terrible  l' interminable dilatation du temps

A la hauteur de la tuerie

Le présent boursouflé  gonflé comme une bulle

Résonnerait réfracté par les regards

Et les autres n' oseraient faire quoi que ce soit

De peur que ça ne revienne 

De peur

Tous englués de haine et de peur

Un cri fut pourtant le signal de la paix retrouvée

Sans doute d'autres tueries fuseraient

Pour que les hommes deviennent vivants.

Un cri à faire  reluire les ailes fatiguées du temps

Un seul cri restaurant l'antique ménagerie des mots

C'était  comme si

Rien

Etait là en personne

Dans la volière du calendrier somnolent

La mort était redevenue normale.     

 

 

 

 

 

 

 

  

 

                         ARC-BOUTE   

  

Arc-bouté  à ce rêve souci

Même île où le rivage fait rage      

Les idées-sbires défilent

A croire manège de masques

grotesques

 

Attendu qu'atteinte et déjà mourante

 

L'idée

Mère du beau souci      

N'a plus besoin

Sempiternellement

J'attends.

 

 

 

 

 

 

                             

 

            CRAC

 

 

Crac je crie je crois

Car de qui de quoi

Je suis certain de rien

 

Salamalecs s'avancent

Suis-je Sud ? je pense

Abruti de rien

 

Car la grande amphore 

Celle qui me dévore

Et me ratatine

N'augure de rien

 

Je vais  je la prends

C'est à mes dépens

Car je n'y

Vois rien

 

Peut-être qu' hostile

A moi-même

Je bile

De n'y voir  rien 

Et les jours s'empilent

Comme des chiens.

 

 

 

 

                 

 

 

                 ARBRE  

 

 

A l'abri je pige quoi ?   

Les vents durs se bousculent dehors ,       

Méchantes haleines .      

Je vole un éclair des fois       

Que j'avale tout doucement     

Pour faire durer .               

Des  fois       

Le son tinte de ma voix        

Ou d'une autre      

C'est si rare           

Alors      

Vraie mécanique d'insomnie       

Je me plante dans l'instant bizarre   

Chaîne où se pendule le rire fou      

Arbre

Pour un  moment

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                       



29/06/2007
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